Un texte court et percutant pour dénoncer la mode du développement personnel.
En librairie, les livres de développement personnel arrivent régulièrement en tête des ventes. Thierry Jobard, auteur et responsable du rayon sciences humaines d’une grande libraire strasbourgeoise a vu ce rayon "Self Help" doubler en quelques années. "Quand j’ai commencé à lire ces livres, c’était bien pire que ce que je m’étais imaginé ! Il faut que les gens soient bien malheureux pour s’en remettre à ça", explique-t-il.
D’où le point de départ de son petit pamphlet percutant Contre le développement personnel qui, selon lui, "exacerbe l'individualisme et détourne de l'engagement collectif."
"Dans ce monde merveilleux, tout tourne autour de cet axiome : quand on veut, on peut. Et si on ne peut pas, c’est qu’on ne veut pas assez. Le collectif disparaît et laisse place à des individus responsables de tout à 100 % : de leur destin, de leur emploi, et même de leur santé ! (…) Comme s’il ne tenait qu’à nous de changer le cours de nos existences », résume Thomas Bout qui a édité ce livre dans la collection "Les incisives", destinée à des textes courts et offensifs, signés par des auteurs et autrices engagés sur des sujets d'actualité, et qui contribuent au renouvellement du débat public.
Pour Thierry Jobard, spécialiste de philosophie, de sociologie et de psychologie, la réalité qui se cache derrière le thème du développement personnel est bien moins glorieuse qu’il n’y paraît. "On voit apparaître des psychologues et des thérapeutes qui ne cherchent pas à aider leurs patients à mieux se connaître, mais proposent des solutions rapides pour les 'rebooster'. Que le problème puisse venir de quelque chose de plus enfoui n’a pas sa place. On raisonne en termes de problème = solution", poursuit l’essayiste.
"Souvent drôle, ce petit livre montre de façon convaincante que ce que met en place le développement personnel constitue un dispositif néolibéral de domestication de la personne", analyse Le Monde diplomatique.
Le livre, dont le cinquième tirage est en cours, s’est vendu à 8 000 exemplaires en France. "Ce qui est surprenant aussi, c’est qu’il y a toujours de l’actualité autour de ce thème et de ce livre", indique l’éditeur Thomas Bout, qui a vendu les droits de l’ouvrage en Espagne et au Chili.
Dans son deuxième livre, Je crois donc je suis (Rue de l’échiquier, 2023), Thierry Jobard poursuit son enquête et dénonce les tenants et faux-semblants de l’ésotérisme.
Katja Petrovic
Juillet 2024