COUP DE PROJECTEUR

Bande dessinée

AYA DE YOPOUGON, TOME 7

C’est le grand retour d’Aya de Yopougon dont l’histoire a enchanté les lecteurs partout dans le monde dès le premier album publié il y a 17 ans. En 2022, on retrouve cette héroïne ivoirienne haute en couleur comme si on ne l’avait jamais quittée. Une bande dessinée pleine de couleurs et de bonne humeur, non sans traiter des sujets engagés.

 
Lorsque Marguerite Abouet, née à Abidjan et arrivée à Paris à l’âge de douze ans, signe, en 2005, le premier tome d’Aya de Yopougon, elle rencontre vite le succès : Prix du meilleur premier album au Festival d’Angoulême en 2006, titre recommandé par le ministère de l'Éducation nationale… tout le monde était enchanté par ce premier roman graphique réalisé par une auteure africaine, en raison de sa façon savoureuse de montrer une Afrique authentique : moderne et joyeuse, sans aucun misérabilisme ou condescendance… "Normal, car c’est un peu sa propre histoire que l’auteure, réalisatrice et scénariste ivoirienne raconte à travers celle d’Aya", explique Sylvain Coissard, agent entre autres pour Gallimard Bande dessinée. 

Cinq autres tomes ont suivi, la série a été traduite en une quinzaine de langues, dont l’allemand, l’anglais (droits monde), l’espagnol (droits monde), le portugais (Brésil), l’azéri, le croate, le norvégien, le suédois… et adaptée avec grand succès en long métrage d’animation en 2013. 

Puis plus de nouvelles d’Abidjan, les lecteurs ont dû attendre 12 ans avant de retrouver Aya, toujours aussi "résiliente, sincère, honnête et avec une grande force morale", selon Sylvain Coissard. 
 

Un retour engagé !

 
Devenue étudiante en droit, Aya tente de concilier un stage à la Solibra, où travaille son père, et sa relation compliquée avec Didier, le beau magistrat qui est amoureux d’elle. Mais surtout, elle s'engage dans la lutte pour les droits des étudiants de l'université de Cocody. C’est là précisément que se trouve Albert, entassé avec de nombreux autres étudiants dans une minuscule chambre, après avoir été repoussé par sa famille en raison de son homosexualité. Et ce n'est rien comparé à l’Ivoirien Inno, exilé à Paris et sans-papiers qui se fait expulser après avoir manifesté pour ses droits. Les filles aussi doivent se battre contre le sexisme ambiant et les traditions misogynes, à commencer par Bintou, l’amie d’Aya devenue la star détestée de la série "Gâteuse de foyer" pour y avoir volé le mari des autres ! 

"Une expérience profonde et complètement dépaysante"

 
"C’est malin, hyper vivant, sensible et très humain, dans une VO ivoirienne très poétique", juge Libération. La langue justement est truffée d’expressions et de proverbes africains qui font de cette lecture "une expérience profonde et complètement dépaysante pour un lecteur hexagonal (et venant d’ailleurs) sans qu’il se sente étranger à ce qui se joue", remarque Le Figaro. Y contribue sans doute "l’incontournable lexique, nécessaire, surtout après une si longue absence" ajouté à la fin de l’album et les dessins, pleins d’humour et de couleurs de Clément Oubrerie, qui a fait son entrée remarquée dans la bande dessinée justement avec le premier tome d’Aya de Yopougon. 
 
"Le succès de la série tient beaucoup à son côté feuilletonnant, avec des rebondissements, des intrigues multiples. C’est comme un soap opéra, mais en plus intelligent. Une comédie, à la fois bienveillante, politique, trépidante et… ivoirienne : il y a de quoi s’enjailler ! Le retour d’Aya a réjoui mes interlocuteurs rencontrés à Francfort", résume Sylvain Coissard, qui a déjà vendu les droits de ce septième tome en allemand et espagnol.

Katja Petrovic
Novembre 2022