COUP DE PROJECTEUR

AUTEUR Abel Quentin
Date de publication 18 août 2021

Littérature

LE VOYANT D’ÉTAMPES

Dans son deuxième roman, le jeune avocat et auteur Abel Quentin dresse le portrait de notre époque et du fossé générationnel entourant la question des luttes antiracistes. Un livre drôle, nécessaire et d’une actualité brûlante. Vendu à 40 000 exemplaires en France, ses droits de traduction ont été cédés en espagnol, italien, portugais, japonais, allemand, letton et slovaque. 

 
BIEF : Le voyant d’Étampes a suscité beaucoup d’enthousiasme en France. Dans sa chronique, Frédéric Beigbeder ne cache pas son admiration pour ce jeune auteur qui a écrit selon lui "le grand roman de la cancel culture". Élisa Rodriguez, vous êtes responsable des droits pour le groupe Humensis, pourriez-vous brièvement présenter ce livre ? 
 
Élisa Rodriguez : Au début des années 1980, Jean Roscoff était un jeune intellectuel prometteur : normalien, militant à SOS Racisme, dandy à ses heures. Trente-cinq ans plus tard, universitaire alcoolique, divorcé et désœuvré, il décide de reprendre ses travaux de jeunesse sur un mystérieux poète américain qui fraya avec Sartre et Beauvoir avant de se tuer au volant de sa voiture, au fond de l’Essonne, au début des années 1960. Il se lance alors dans l’écriture du Voyant d’Étampes, un essai qu’il entrevoit comme sa dernière chance. En apparence, pas de quoi déchaîner la critique… Mais, dès la publication du livre, un article de blog lui reproche d’avoir passé sous silence que le poète était noir. Dès lors les réseaux sociaux et les médias s’emballent, et la descente aux enfers commence. Abel Quentin dresse le portrait de notre époque. C’est un roman nécessaire et d’une actualité brûlante. 
 
BIEF : Pourquoi est-ce un livre "nécessaire" comme vous le dites ? 
 
Élisa Rodriguez : Il est nécessaire parce qu’il décrit avec brio le fossé générationnel entre les jeunes des années 80 et ceux d’aujourd’hui. ll relate notamment leur confrontation sur les questions identitaires, et le rôle important que jouent les réseaux sociaux dans leur rapport au monde. Un des points forts du roman est qu’il n’est pas moralisateur et ne prend pas parti. C’est aussi un roman "très français" qui dépeint le monde culturel de l’hexagone et qui réussit néanmoins à être universel par les sujets d’actualité qu’il aborde. 
 
BIEF : À qui ce roman s’adresse-t-il ?

Élisa Rodriguez : Aux lecteurs de littérature contemporaine qui s’intéressent à la critique sociale et recherchent un regard tant acerbe qu’humoristique.
 
BIEF : Qu’est-ce qui a séduit la presse et les lecteurs en France ? 
 
Élisa Rodriguez : Le roman a été salué par la presse, avec notamment un coup de cœur de Frédéric Beigbeder qui a parlé de "l’éclosion d’un écrivain extraordinaire". Il a figuré sur les listes de nombreux prix littéraires (Goncourt, Femina, Renaudot…) et a obtenu le Prix de Flore et le Prix Maison Rouge. Les lecteurs ont également apprécié le sujet et le "ton corrosif" de l’auteur, pour ne citer que quelques commentaires sur le site Babelio : "Abel Quentin propose une radiographie affutée et éclairée, terrifiante de justesse aussi, sur les évolutions de notre société entre crise de l'universalisme, mutations générationnelles, dérives identitaires et violences des lynchages sur les réseaux sociaux." Ou encore "Le ton m'a fait penser à David Lodge."
 
BIEF : Dans quels pays avez-vous cédé les droits ?

Élisa Rodriguez : Ce roman est désormais cédé en langues espagnole, italienne, portugaise, japonaise, allemande, lettone et slovaque. Beaucoup d’éditeurs étrangers ont été séduit par le style d’Abel Quentin, souvent comparé à celui de Philip Roth. Ils ont apprécié que le roman se joue des visions simplificatrices et reste extrêmement puissant. 
 
BIEF : Comment la vente des droits s’est-elle faite ? Y en a-t-il eu une qui a facilité les autres ?

Élisa Rodriguez : Nous avons très vite perçu le potentiel du roman d’Abel Quentin, avec son sujet très actuel et son anti-héros houellebecquien. Nous en avons donc fait notre titre phare de la rentrée littéraire. Nous avons très rapidement eu des coups de cœur de scouts qui l’ont porté auprès de leurs clients. La première cession s’est faite pour l’espagnol, dès le mois de juillet, avant la parution du roman. 
 
Propos recueillis par Katja Petrovic
Septembre 2022