COUP DE PROJECTEUR

AUTEUR Faïza Guène
Éditeur Plon
Date de publication 27 août 2020

Littérature

LA DISCRÉTION

Un livre déjà traduit en anglais et vendu à 32 000 exemplaires en France. 

Dans La discrétion, Faïza Guène raconte la vie d’une femme exilée et complètement "effacée", dans un pays où elle ne se sent pas à sa place. Destin partagé, partout dans le monde, par beaucoup d’immigrés et contre lequel la génération de l’auteure se révolte, souvent dans l’ignorance des épreuves surmontées par leurs ancêtres. 
 
En France, Faïza Guène, née en 1985 en banlieue parisienne de parents immigrés algériens, fait partie d’une nouvelle génération d’auteurs originaires du Maghreb ou d’Afrique qui abordent le sujet de l’immigration, en connaissance de cause et avec beaucoup de force et d’humour. Auteure de six romans, elle a connu un énorme succès en 2004, à même pas 19 ans, pour son premier livre, Kiffe kiffe demain, vendu à plus de 350 000 exemplaires et traduit dans 26 langues, faisant retentir sa voix bien au-delà de nos frontières.
 
Dans La discrétion, elle raconte le destin de Yamina, qui a désormais 70 ans et qui a toujours été trop discrète, de l’avis de ses filles. Née en 1949 dans une Algérie colonisée, elle a connu la guerre avant de se retrouver exilée et mariée en France où elle a élevé quatre enfants dans le silence d’un passé occulté. 
 
"Yamina n’aime pas déranger. Et elle n’aime pas non plus qu’on se dérange pour elle. Et refuse de s’offusquer quand un agent de l’État l’infantilise à la préfecture ou que son médecin de famille fait preuve de paternalisme à son égard. Mais pour cette femme, refuser de se laisser envahir par le ressentiment est une façon de résister", résume le magazine Causette
 
"Pour moi c’est un texte qui soulève une question essentielle et malheureusement universelle qui ne concerne pas que les Algériens de France : celle de la "discrétion" que l’on s’impose quand on vient d’ailleurs", précise Florence Maletrez, responsable de droits étrangers chez Plon.  
 
Cet effacement volontaire, les filles de Yamina, toutes nées entre 1980 et 1990, ne peuvent pas le supporter. Tout sauf discrète, cette nouvelle génération de femmes se bat contre le racisme et soutient des revendications féministes à l’image de Faïza Guène qui essaie de comprendre ce qui a motivé les comportements de chacune de ces deux générations.   
 
"J'avais envie de montrer que derrière cette femme, il y avait une petite fille qui avait des rêves. Il y avait une adolescente, il y a une femme qui a traversé la guerre, qui a connu l'exil, qui avait une idée de l'amour et surtout, qui avait au fond d'elle une résistante et que ça aussi, ça s'est transmis", explique-t-elle. 
 
"Faïza est une personne d’une grande humanité et la publier a été un bonheur et un honneur pour Plon", se réjouit Florence Maletrez qui a contribué à vendre les droits en langue anglaise par le biais de l’agent de Faïza Guène en Grande-Bretagne. D’autres éditeurs, en Espagne et en Italie, ont manifesté leur intérêt et la totalité du texte en anglais est disponible pour faire découvrir ce roman avec lequel l’auteure souhaite "rendre hommage à sa mère et à toutes les mères immigrées".
 
Katja Petrovic 
Mai 2022