L’anthropologue Charles Stépanoff invite le lecteur à plonger au cœur d’une réflexion sur la relation entre l’être humain et son environnement, en s’appuyant notamment sur ses études de terrain réalisées auprès des éleveurs de rennes en Sibérie - un travail d'une grande érudition, tout en restant accessible à un large public. 

Mêlant anthropologie évolutionnaire, archéologie, histoire de la domestication, ethnologie comparée et psychologie, Charles Stépanoff propose une nouvelle interprétation de la socialité humaine.

"Le propre de l’homme, on va souvent le chercher dans les relations entre les humains. Mais ce qui caractérise l’homme, c’est aussi sa capacité à nouer ces liens avec les écosystèmes en les transformant et en s’attachant et adoptant d’autres espèces. Vous avez des chiens qui sont traités comme des petits enfants dans de nombreuses sociétés de chasseurs-cueilleurs, c’est le cas aussi d’oursons en Amérique du Nord, chez les Inuits", explique l’auteur.

"Attachements n'hésite pas à contester certaines des césures historiques naguère les plus consensuelles", souligne Le Monde des livres, en proposant « plusieurs renversements de perspective, notamment une déconstruction salutaire de la notion de domestication, souvent conçue comme un asservissement alors qu’il s’agit de partenariats inter-espèces », précise encore la revue L’Histoire.

Si ce livre explore les différentes formes d’attachement, il examine également les détachements engendrés par l’imposition d’un rapport au monde purement matériel. « Jusqu’à nos jours, en passant par les modernisations du XVIIIe siècle, nous avons repensé notre rapport aux animaux en le nettoyant de tout ce qui pouvait être affectif, afin d’augmenter la productivité », précise l’auteur, qui nourrit néanmoins l’espoir d’un retour à des attachements plus sains avec la nature : "L’humain n’a pas perdu ses capacités d’émerveillement pour les animaux. Cette capacité d’apprentissage, qui est un héritage que nous devons à nos ancêtres de la préhistoire, nous a forgé une intelligence écologique qui ne demande qu’à être remise en activité. Il existe d’autres formes de rapports aux animaux et aux plantes à travers les différentes communautés humaines. Ces découvertes et ces expériences j’essaie de les transmettre aux lecteurs de manière accessible", souligne l’auteur.

Katja Petrovic 
Novembre 2025