La notion d’économie nationale n’a rien de naturel. Elle est le produit d’un lent travail d’institutionnalisation entrepris durant l’entre-deux-guerres dans l’espoir de redonner à l’État une marge de manœuvre, de lui fournir de nouveaux terrains d’intervention. L’auteur explore le travail des économistes, statisticiens, représentants patronaux et syndicaux, responsables politiques et administratifs qui ont accumulé les preuves de l’existence d’une entité économique dont on peut mesurer les variations. Après avoir servi de cadre privilégié à la planification, l’objet ainsi créé a aussi révélé sa face contraignante, lorsqu’en période de crise l’État subit l’économie plus qu’il n’agit sur elle.