Septembre 2018, 22 heures environ. La télévision diffuse un documentaire sur la France de Vichy. Deux gestapistes sortent de l’immeuble où Régis Jauffret a passé toute son enfance un homme menotté : son père. Connue de personne, cette séquence de huit secondes que l’auteur visionne à l’infini, suffit pour réveiller l’enfant tapis dans les couches profondes de son être. Il lui faudra toutes les pages de ce livre pour restaurer sur les ruines de sa mémoire ce père sourd et bipolaire dont il avait honte comme d’un chancre. Méfiez vous des romanciers. Leurs pères, ils les rêvent.