Avec le temps, l’exode des migrants n’est plus devenu un phénomène exceptionnel. Et le monde s’est lassé. J’ai suivi les barques qui affrontaient le détroit de Gibraltar, les zodiacs de Turquie vers l’île grecque de Lesbos… Jusqu’à Lampedusa, caillou submergé par le flux. J’ai suivi le sillage de ces bateaux ivres, sur mer et sur terre, dès leur point de départ, un village subsaharien, un désert érythréen, une montagne de Syrie... Je voulais faire le récit choral de ces centaines de milliers d’hommes et de femmes qui ne voient qu’une seule issue, partir, pour la grande traversée. Nous, Européens, nous hésitons toujours, entre aveuglement, compassion et répression.. Pendant ce temps-là, ils partent. Et rien ne les arrêtera.